La frite
serait apparue en bord de Meuse...
Et donc serait Wallonne: Vrai ou faux?
Considérant que la frite serait apparue sur les bords de la Meuse, aucun
doute n'est permis: oui, la frite est wallonne.
"... ces bâtonnets dorés, scintillants comme autant de petits soleils, sont
définitivement, sans discussion possible, originaires du terroir wallon",
s'enthousiasme, presque de façon poétique, Christian Souris ("La folle histoire
de la cuisine wallonne", Ed. Quorum, 1995).
Oseriez-vous douter de la paternité belge de la Frite... une fois?
Et son origine en nos terres est peut-être beaucoup plus ancienne que vous ne
le pensiez.
D'après Jo Gérard, notre peuple aurait déjà cuit des frites avant 1680.
L'historien avance comme preuve un manuscrit familial daté de 1781 ("Curiosités
de la table dans les Pays-Bas Belgiques", signé par son
arrière-arrière-grand-oncle Joseph Gérard):
"Les habitants de Namur, Andenne et Dinant ont l'usage de pêcher dans la Meuse
du menu fretin et de le frire pour en améliorer leur ordinaire, surtout chez les
pauvres gens.
Mais lorsque le gel saisit les cours d'eau et que la pêche y devient hasardeuse,
les habitants découpent les pommes de terre en forme de petits poissons et les
passent à la friture comme ceux-ci. Il me revient que cette pratique remonte
déjà à plus de cent années."
Un symbole d’unité du Royaume belge
La frite n'en demeure pas moins un symbole d'unité de notre Royaume! "Vous avez
la bière, la bande dessinée, la moule, la frite... et la famille royale",
constatait Stéphane Bern, "l'ami" des têtes couronnées de TF1. Et vous vous
rappellerez peut-être l'escapade new-yorkaise de Philippe et Mathilde, en
septembre dernier, durant laquelle notre Prince avait, dans un resto belge
branché, montré la bonne façon de déguster les frites... avec les doigts!
Tout ceci n'empêche pas notre "baguette magique" de prêter le flanc aux
querelles linguistiques. "La frite artisanale, c'est ni wallon, ni flamand, mais
belge!", affirme fermement l'UNAFRI-NAVEFRI (Union Nationale des Frituristes)
dans ses documents officiels. Car celle-ci rencontre périodiquement de
nombreuses difficultés lors de l'organisation annuelle de sa Semaine Nationale
de la Frite (du 19 au 25 novembre cette année) quand elle s'adresse aux
institutions compétentes pour obtenir un soutien, soit le VLAM (Vlaams
Promotiecentrum voor Agro- en Visserijmarketing), côté flamand, et l'ORPAH
(Office Régional de Promotion de l'Agriculture et de l'Horticulture), côté
wallon.
"Chacun d'eux veut tirer la frite de son côté, constate un rien dépité Lucien
Decraeye, mais nous sommes déjà un petit pays et nous n'allons pas couper les
frites en deux!" Hélas, en 2001 à nouveau, seul le VLAM sera associé à un
événement qui mériterait d'être le théâtre de joyeuses réjouissances
populaires... une deuxième fête nationale, en quelque sorte. Même l'invention de
la frite hexagonale, présentée comme meilleure pour la santé parce qu'absorbant
moins de graisses, raviva à la fin des années quatre-vingt les querelles
communautaires! Quand un négociant en pommes de terre de Beernem en revendiqua
la paternité, forçant son inventeur, Guiseppe Bonsignore de Herstal, à porter
l'affaire devant les tribunaux (où il eut gain de cause).
Que serait la Belgique sans la Frite?
Habitants du Royaume, réconcilions-nous... "Que serait la Belgique sans la
frite? Juste une zone grisâtre, une tache insignifiante sur le globe terrestre,
dénuée de toute personnalité", lit-on dans un ouvrage de référence, inédit en
français, "Het Belgisch Frietenboek" (Ed. Loempia, 1994; une édition
réactualisée devrait être publiée à la fin de cette année). Son auteur, Paul
Ilegems, est une autorité en la matière, puisque ce professeur à l'Académie des
Beaux-Arts d'Anvers est également conservateur du Frietkotmuseum, le premier
musée belge de la frite (Groenplaats 12 à Anvers, ouvert tous les jours de 12 à
24h00).
par Hugues Henry de Frites.be.
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